Récemment, nous sommes « tombés » sur l’annonce d’une municipalité du sud de la France relative à sa recherche d’écrivain public. Missions, champs d’action, profil, compétences, qualités y sont déclinés : « La rédaction de courriers administratifs, le remplissage de formulaires administratifs, le suivi ponctuel des dossiers administratifs, les démarches par internet et l’orientation vers d’autres services compétents.» « … Des compétences rédactionnelles essentielles, des connaissances juridiques ou administratives souhaitées, une maîtrise des règles d’orthographe, de grammaire et de syntaxe. La connaissance des outils informatiques est aussi appréciée. » «… L’écoute, l’honnêteté, l’empathie, la réactivité, la rigueur et l’autonomie.»
On peut y lire que l’écrivain public sera chargé de « 2 permanences mensuelles de 14h à 17h au cours desquelles il recevra en moyenne 6 personnes (fermeture annuelle en août et 2 semaines aux vacances de Noël). Le planning sera envoyé la veille des consultations ». À n’en pas douter cette annonce correspond à une offre d’emploi extrêmement bien renseignée nécessitant un écrivain public professionnel. Oui … Mais non ! Car le titre de l’annonce précise RECHERCHE BÉNÉVOLE « ÉCRIVAIN PUBLIC ».
Donc, cette collectivité, cet employeur, recherche « un professionnel de l’écrit », comme l’avoue fièrement l’annonce, elle définit sa mission, ses compétences, ses qualités, son emploi du temps, ses dates de congés… mais lui demande d’effectuer ces tâches, ce travail, gratuitement, sans la traditionnelle contrepartie appelée rémunération.
Pourtant dans cette municipalité, le D.G.S., l’animateur sportif, l’agent d’accueil, l’adjoint technique, le bibliothécaire et tous les travailleurs territoriaux sont payés. Pourquoi le travail de l’écrivain public serait-il gratuit ? Serait-il censé offrir bénévolement ses compétences à la collectivité au nom des valeurs de solidarité ? Devrait-il palier gracieusement la carence de service public ?
Et, qui l’aidera, lui, à nourrir sa famille, payer son loyer, ses factures… ?
L’association EPACA-Sud tient donc ici à rappeler qu’écrivain public est un métier identifié dans le Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois (ROME). Elle remercie aussi toutes les municipalités de France qui emploient des écrivains publics professionnels en les rémunérant justement pour leur travail. Enfin, elle précise que la contrepartie légitime au travail de l’écrivain public ne l’a jamais empêché d’avoir un cœur et un engagement citoyen : il sait répondre aux demandes bien après l’heure et ne laisse jamais un courrier inachevé. D’ailleurs, s’il a choisi ce métier, ce n’est pas seulement qu’il aime écrire : il aime aussi les gens et leur rendre par les mots leur pouvoir d’agir.
L’association EPACA-Sud
Nous ne voulons humilier personne en soulignant cette aberration, simplement montrer que la représentation que certaines personnes ont de notre profession est entachée de préjugés. Préjugés que nous nous employons à combattre.
La municipalité n’est volontairement pas citée, car nous préférons accompagner les institutions dans leurs démarches de recrutement. À ce propos, nous serions enchantés d’effectuer les corrections orthographiques sur l’annonce en question. Bénévolement, cela va sans dire !