Je suis solidaire de l’acte de rébellion grammaticale qui consiste à donner au mot membre un genre féminin, quand le membre est une femme, une adhérente.
« Membre fondatrice » au début, j’ai trouvé ça curieux. Cependant, après l’avoir lue dans plusieurs de nos présentations, cette formulation m’a paru intéressante. En effet, le mot « fondateur », quand il s’agit d’une femme, sonne étrangement même si l’on sait bien que c’est juste un adjectif qui s’accorde avec le nom auquel il se rapporte et patati et patata…. Une femme ne se sent pas « fondateur », mais fondatrice ! Le membre se vit et se pense alors au féminin ! Voici un thème de réflexion potentiel autant pour les psychanalystes que pour les grammairiens.
Mais soyons logiques: chaque adhérente ne devrait-elle pas, dans ces conditions, se revendiquer « écrivaine publique- auteure conseille » ?
Au premier regard, cette graphie peut sembler bizarre et plutôt lourde. Puis, après y avoir vu quelque chose de malicieusement provocateur, on peut la trouver tout à fait à son goût … pour finir un jour par l’adopter, et pourquoi pas la légitimer, par l’usage ? Rien n’est figé à jamais dans le langage.
Que choisir : respect de la règle et conformisme, ou bien fronde et affirmation de notre identité ? Ou bien encore tantôt l’un tantôt l’autre, suivant notre appréciation du contexte ?
Nous qui sommes des professionnelles de la langue écrite censées maîtriser le code, quels motifs nous poussent à nous affranchir de la norme, par moments ? Serions-nous dans ces présentations en train d’entrer en résistance contre le pouvoir machiste, via un acte de langage subversif, sans vouloir procéder de manière trop radicale ?
Il y a du féminin et du masculin en chacune et chacun d’entre nous. C’est peut-être ce qui conduit une adhérente à pouvoir s’affirmer écrivain public et auteur conseil, tout en refusant d’habiter le titre de membre fondateur. Membre fondateur, non, décidément, ce n’est pas possible, il y a trop de connotations masculines. Mais membre fondatrice, oui, c’est possible. C’est juste nouveau.
Danièle Saunier