Notre concours de lettres intitulé : « J’aurais aimé te dire » a inspiré à l’une des membres d’EPACA-Sud, le texte ci-dessous. Lisez, partagez, réagissez… comme il vous plaira !

« A l’attention de Marcel Ruffo, de passage à Toulon à la librairie Charlemagne ce printemps, et défendant avec enthousiasme les nouveaux rythmes scolaires »

J’aurais voulu te dire, Marcel, l’ami,
Qu’être connu et reconnu il ne suffit
Pour tenir des propos non réfléchis,
Sur un sujet qui visiblement donne souci.

Ce jour-là tu retrouvais Toulon ;
Au marché, ta mémé y vendait les melons.
Tu es resté très sympathique
En dépit de l’emballement médiatique.

Donc, ce vendredi en librairie
Devant un public tout acquis
Les nouveaux rythmes scolaires tu défendais.
Aux enseignants, violemment tu t’en prenais :

« Ces enseignants ! Jamais d’accord !
Un changement et on dirait qu’on les mord !
Les minots avec ces sclérosés
S’ennuient ferme toute la journée ! »

A l’élaboration de ces rythmes tu participas
Et si, en haut lieu, le projet t’enthousiasma,
Les frais occasionnés les as-tu évalués ?
Des conditions d’application t’es-tu inquiété ?

Centré sur l’épanouissement des enfants
Te souviens-tu qu’ils sont très, très « vivants » ?
Tu travailles en cabinet, en tranquille dualité ;
Sais-tu combien les maîtres sont débordés ?

Tu proposes, Marcel, un atelier du « rien »
« Aujourd’hui, chers petits, on ne fait rien ! »
Tu crois vraiment que, sages et rêveurs
Ils vont rester la bouche en cœur ?

En 2 mouvements 4 temps tu verras
Un waï d’enfer, s’installera.
Pour qui la gestion de souk organisé ?
Et la responsabilité du possible défenestré ?

Tu suggères aussi, ô inconscient
Une mémé arabe, face à 30 boucans.
Tu affirmes : « ils seront heureux, c’est sûr, tous,
d’apprendre à faire un bon couscous ! »

Du saladier l’un sera vite coiffé.
Et les boulettes-fusées seront lancées.
Et mémé, dans ce merdier
L’entends-tu hurler, beugler ?

Au lieu de proposer, Marcel,
des ateliers aucunement pensés
Au lieu de critiquer, Marcel
les enseignants, tous ces ratés

Considère un peu la réalité
du terrain où évoluent ces enfants.
Ils ne sont pas du tout méchants,
Ils sont même très attachants.

Mais à observer Momo ou Ratédé
Ta petite Alice jamais tu ne reconnais.
Ta fille qui a tout réussi avec succès
Était-elle scolarisée dans une cité?

Tu appelles ces rythmes nouveaux.
OK. Montre-nous Marcel! Gère en solo !
Les enfants on te les laisse en confiance.
Pari accepté ? Eh bien, bonne chance !

Si tu t’en sors Marcel,
Des deux mains on t’applaudit.
Mais si tu te plantes Marcel,
Alors montre un peu de modestie.

Avant de si vivement juger
Prends la peine de considérer
Les dures conditions d’un métier
De professionnels harassés.

Ces décisions tellement bâclées
Génèrent des enseignants stressés.
Pour les enfants ils sont réellement très inquiets.
Mais pour toi, Marcel,
La retraite n’a-t-elle pas encore sonné?

M.M.

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